Aujourd’hui s’ouvre au Tribunal correctionnel de Paris le procès qui oppose deux associations catholiques à Love Shop, un commerce de lingerie fine et de sextoys.
La Confédération nationale des associations familiales catholiques et le CLER Amour et Famille (sexy, les appellations, non ?) ont attaqué en justice la boutique « 1969 », reprochant à ce commerce d’être localisé à proximité d’une école.
Pour étayer leur plainte, les deux associations s’appuient sur une loi de 1987 selon laquelle « est interdite l’installation à moins de deux cents mètres d'un établissement d'enseignement, d'un établissement dont l'activité est la vente ou la mise à disposition du public d'objets à caractère pornographique », sous peine de deux ans de prison et de 30.000 euros d’amende. Le jugement repose donc sur cette question : Un sextoy est-il un objet à caractère pornographique ? Si l’on s’en tient à la définition littérale de la pornographie, qui caractérise selon Le Petit Larousse la « représentation complaisante de sujets, de détails obscènes, dans une œuvre artistique, littéraire ou cinématographique », le juge va travailler dur pour condamner le propriétaire du Love store. Pour la défense, les sextoys sont des « objets érotiques » (même à ce niveau, c’est discutable…), mais surtout, rappelle l’avocat Richard Malka, « il n’existe, hormis les cimetières et les parcs parisiens, aucun périmètre de 200 mètres dans lequel il n'y aurait pas un établissement d'enseignement. Si la loi était interprétée comme le réclament les parties civiles, on devrait fermer tous les sex shops, mais aussi les Galeries Lafayette, le Printemps et les dépôtsde la Redoute! » Ce qui, reconnaissons-le, ferait beaucoup de tort si l’on considère, comme c’est notre cas, que l’affaire ne vise qu’à sauver la séraphique pudeur de quelques mères de famille bigotes, dont les chérubins n’en ont, au pire, rien à foutre des godemichés.
Les sextoys sont-ils porno ?
